Vimy
Vimy, le champ de bataille suivre le lien pour l'histoire
Tu n’en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j’ai vu battre le cœur à nu
Quand j’ai déchiré ta chemise, et toi non plus
Tu n’en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu’un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu’il avait un jeu du tonnerre ;
Et toi le tatoué, l’ancien légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux..
On part Dieu sait pour où
Ca tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu.
Quelque part ça commence à n’être plus du jeu,
Les bonshommes là-bas attendent la relève
Roule au loin roule le train des dernières lueurs,
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac la laine et la sueur.
Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées.
Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un nom d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri. »
Louis Aragon